Au Salon Hifi 2003 VAD à Eindhoven

 

Du beau monde pour une excellente journée de HIFI en compagnie du TeamArchi.

00940  -  Positronic  -  Tazz  -  Lodrunn  -  Archi  &  Lodrunness

Les Ocellia Silver par notre envoyé spécial 00940

Vad03

L'ocellia "Celia Argent" qui ne laisse pas indifférent 00940

Bon, à peine arrivé au show, je laisse  le groupe devant les Thiel en chasse de  matériel ayant trait aux casques hifi  (quel maniaque je fais). Me baladant au  hasard des couloirs (complètement paumé  en fait), je rentre dans une salle où  trône une batterie impressionnante d'enceintes plus grosses les unes que  les autres. Rien ne tourne, les  exposants fignolent les réglages et je  suis le seul visiteur. Je suis en train  de jeter un oeil sur les amplis à tubes  (bon dieu que c'est joli tout ça) qui  remplissent les tables quand les Ocellia  se mettent à jouer. "'S wonderfull" de  Diana Krall. Le choc. C'est ce son là que je veux. Exactement ce son là. Je  m'assieds, je ferme les yeux, on aura tout le temps d'analyser plus tard. Pas  de chance, les exposants coupent. Quelques  détails à régler. Je les laisse. Il est  10h15.

11h30. Retour. Plein de monde, et bruyant. Toujours du jazz soft. Bah, on reviendra plus tard.

Après le dîner, j'insiste lourdement auprès du groupe pour les emmener écouter les Ocellia. Je ne sais plus exactement ce qui passe, toujours du Norah Jones et tutti quanti. C'est un peu limite pour tester ce que valent vraiment des enceintes. Malheureusement, ils aiment moins que moi. Je n'ai pas trouvé mon disciple.  Je demande à l'exposant un morceau plus chargé en basse et en dynamique. Nous nous mettons d'accord sur l'ouverture de Carmina Burana, mais il ne peut la passer tout de suite. Soit, je reviendrai dans 1/4h (mode super tetu engagé).

Le groupe s'en va baver devant les platines vinyles Clearaudio. Je les repousse doucement vers la piece n°19  . L'exposant ne se décide pas à passer mon disque. Ecoute un brin plus critique cependant, avec Lodrunn. Il me fait remarquer que sur un morceau archi connu (mais dont le nom m'échappe), les violons ne sonnent pas tout à fait juste. Commentaires pessimistes, il a peur de morceaux plus amples. Le groupe se lasse, moi je reste. Il est 3h15. A 3h45, on passe Carmina Burana. Et merde, l'enregistrement est à pleurer tellement il est mauvais. Dynamique artificiellement gonflée (d'ou des écarts de volumes ridicules) et son criard. Premier test plus critique des ocellia cependant et premières conclusions : 1/ peu de distorsions à (trop) haut volume; 2/ l'extrême grave ne supporte pas d'être poussé trop fort, il devient traînant; 3/ le bas du médium résiste lui magnifiquement. Les voix de basse du choeur tiennent la route. Il est presque 4h, je pars rejoindre les autres.

Je reviens de nouveau vers 17h, suite des écoutes "light". Norah Jones commence à m'ennuyer. Une série de morceaux plus rapide de Dylan révèlent cependant que les ocellia sont capables d'un grave sec et très rapide. Retour au groupe. Ils décident de réécouter les Avalon, zut, je retourne à mes amours. 17h45. Enfin seul avec les Ocellia et les exposants (vous ai-je dit qu'ils étaient charmants ?). Je peux enfin choisir MA musique. On revient sur Carmina Burana, mais un autre enregistrement, de qualité, pas pour supermarché. Perdu Lodrunn, le grave n'est pas déficient et l'ensemble ne devient pas incohérent. On enchaine directement sur un des chants de la Sibylle par l'ensemble de Jordi Savall (la Sibylle provencale si j'ai bonne mémoire) suivi d'un air d'opéra de Purcell. Les deux morceaux commencent au son des roulements de tambours avant de faire la part belle à la voix. Maintenant, je sais pourquoi j'aime ces enceintes. Elles aiment la même musique que moi.

Elles ont, pour moi, trois points marquants: une balance sonore extrêmement spéciale, des voix envoûtantes et une sonorité des timbres non pas techniquement parfaite, mais parfaitement fluide.  

Balance sonore d'abord. Quelque soit l'enceinte, je n'ai jamais vraiment trouvé l'intégration parfaite des basses fréquences. Soit c'est manifestement trop faible, soit trop fort pour être agréable. Je ne saurais pas combiner Purcell ou Charpentier avec les coups de marteau des totems ou des avalon. Au contraire, avec les Ocellia, le bas du registre reste de la musique, il ne se transforme pas en ondes de choc. L'ensemble paraît couler d'une pièce, de la résonnance du maillet au notes les plus stridentes des flûtes et des violons. Avec ces enceintes, l'excitement fréquemment ressenti lors des écoutes se mue en une ampleur sereine.

Pour un amateur de chant, je ne pense pas que d'autres enceintes puissent jamais rivaliser. Pour ceux qui se rappellent, j'avais entre autres détestés les triangles et proac à Bxl pour des voix précipitées et mal posées. Ici, le tempo est parfait, les vocalises s'enchaînent naturellement, sans hâte et sans lenteur. Quand le chant s'emballe, les Ocellia sont capables d'écarts dynamiques impressionnants (mais comment le savoir sur du Norah Jones ???) sans jamais perdre cette sensation de facilité. Dans le médium, elles sont criantes de vérité. Elles méritent les meilleurs chanteurs car leur voix est là.

Venons en aux aigus. Lodrunn a peut être ici raison, les montées des violons, quelques notes de flûtes ne collent pas tout à fait. Mais loin de me fâcher, je ne les en aime que plus. Il faut en finir avec la légende des aigus droits et harmonieux. Il suffit de faire quelques écoutes réelles (oui dans un opéra par exemple) pour se rendre compte que l'acidité est bien réelle, pas une conséquence du système (meme si ce n'est pas une raison pour l'amplifier encore mesdames les triangles). En gros, le deal est entre réalisme total (le choix des audiophiles ?) et une distorsion acceptée. Les Ocellia Silver sont à la lisière de cette distorsion. Jamais elles ne vous agresseront. Ce n'est peut être pas "vrai" mais Dieu, que c'est beau ! Elles se gardent cependant d'entrer dans les caricatures associées au tube et aux enceintes haut rendement. Jamais l'aigu ne perd plus que l'acidité.

Après ce qui ressemble à un prospectus publicitaire, qqes notes plus réalistes : oubliez les Ocellia pour du rock, oubliez les pour de l'électronique. Ces enceintes sont snobs comme pas possible. Elles aiment le classique, raffolent du baroque, se délectent dans le chant ancien. Du bout des lèvres, elles lâcheront un jazz léché mais qui finalement n'a que peu à voir avec les rigolades de Louis.